Maître Aurore Boyard nous présente son nouveau roman : L'avocatesse
Bonjour Maître Aurore Boyard, tout d’abord, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Bonjour à tous, tout d’abord, je vous remercie de votre intérêt pour le monde judiciaire.
Avocate depuis 20 ans, je suis spécialisée en droit de la famille des personnes et de leur patrimoine depuis l’année 2016. J’enseigne également à la Faculté de Droit de Toulon du Var et je suis chroniqueuse pour Sud Radio dans l’émission « Regards de Femme ». Avec Monsieur Di Manno, doyen de la faculté de Droit, nous avons créee un salon intitulé « Livres, Justice et Droit » qui a lieu tous les ans pour démystifier les mondes judiciaires et universitaires. Je suis, en outre, écrivaine.
Après « L’avocation » et « L’avocature », vous sortez ce mois-ci « L’avocatesse » aux éditions Enrick B. Ce troisième opus de votre trilogie nous permet de suivre la nouvelle vie de votre personnage principal, Léa, au barreau de Toulon. Pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Cette trilogie me permet de parler de ce que je connais le mieux : le monde judiciaire, hermétique pour beaucoup ce qui me paraissait anormal. Tout le monde fait du droit, partout et tout le temps mais sans en être conscient. Concernant plus précisément le métier d’avocat, peu de personnes savent qu’outre notre serment, nous sommes soumis à des règles déontologiques et notamment, celle de la délicatesse. Il me semblait essentiel de permettre ainsi l’ouverture aux autres, et notamment aux justiciables, ce milieu dans lequel j’évolue. Je pense sincèrement que beaucoup de fantasmes courent sur nous et que nous devons faire un réel effort d’ouverture pour montrer qui nous sommes vraiment.
Vous déclariez il y a peu qu’il vous arrivait que l’on vous appelle Léa lors d’audiences, quels sont vos points communs et vos différences avec Léa ?
Oui, il arrive que des Confrères et/ou des magistrats m’appellent Léa, ce qui me fait sourire, voire rire parfois. Mes livres, semble t’il, donnent du baume au coeur des gens de justice car il aborde des problématiques que nous rencontrons tous mais avec légèreté et humour. Ils nous permettent de prendre du recul sur notre quotidien.
Comme Léa, j’ai une belle énergie et je m’investis dans chaque chose que j’entreprends. J’aime l’humanité de ce métier et je suis contre la dématérialisation de la justice qui, à mon sens, doit rester accessible à tous. Les justiciables doivent pouvoir rencontrer leurs juges autrement que par la visio-conférence.
Mais il existe également des différences avec mon personnage. Aux lecteurs de tenter de les trouver !
Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de prendre la plume et de devenir écrivain ?
C’est un concours de circonstances et j’avais besoin de mettre des mots sur ce que je vivais au quotidien et qui devenait de plus en plus difficile. Ecrire a été une bouffée d’oxygène et m’a permis de prendre un recul salutaire.
Dans vos livres, vous peignez un portrait parfois négatif de la profession d’avocat, avez-vous constaté des changements, en mal ou en bien, depuis la sortie de « L’avocation » en 2014 ?
Je partage ce que nous, avocats, pouvons parfois ressentir face à des situations auxquelles nous n’avons pas été préparé. Je ne pense pas que les lecteurs voient le métier d’avocat comme négatif ; bien au contraire. Mais j’avais un coeur d’écrire une comédie réaliste et de ne pas faire l’impasse sur ce qui ne va pas dans le monde judiciaire et sur certains comportements qui ne sont pas admissibles. N’oublions pas que nous avons prêté un serment, que nous portons une robe qui nous protège certes mais en contrepartie exige que nous respections nos règles et nos usages. Comme dans toute profession, comme dans la vie plus généralement, il existe des comportements curieux. Le barreau est le reflet de notre société, pourquoi serait-il différent ? Et puis, ce n’est pas en se voilant la face ou en faisant l’impasse sur ce qui ne va pas que la situation va changer !
Et puis, il me semblait important de rappeler aussi que le Barreau est composé d’avocats formidables, engagés, respectueux aussi de leur serment.
J’ai constaté certains changements : le fait que des avocat(e)s osent enfin parler du harcèlement qu’ils subissent et c’est un pas énorme. Il sera noté que j’ai été la première à en parler dans « l’avocation », ce qui n’avait pas été relevé à l’époque. Le principal est que l’on en parle aujourd’hui et que l’on travaille dans le sens de l’égalité homme/femme et du respect de chacun. C’est très positif.
En plus de votre métier d’avocat et de votre passion pour l’écriture, vous êtes également enseignante. Quels conseils donnez-vous aux jeunes qui souhaitent embrasser la profession d’avocat ?
Je leur conseille de s’ouvrir sur le monde extérieur, d’essayer d’exercer un travail à côté de leurs études pour ne pas être enfermé dans le monde du droit. Je leur précise qu’il faut oser et se dépasser, qu’ils n’ont que les limites qu’ils se poseront et que la société dans laquelle nous vivons est en évolution permanente et très rapide. Mais qu’ils doivent toujours garder à l’esprit que le respect et la bienveillance sont des vertus essentielles et cardinales.
Maître, nous vous remercions pour le temps que vous nous avez accordé.
Pour en savoir plus sur Maître Aurore Boyard, « L’avocatesse » et Léa :
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