La publicité des avocats dans les médias, le nerf de la guerre !

En 2016, la chaine France 3 diffusait un spot publicitaire qui vantait les mérites d’un cabinet d’avocats.

Une révolution et une première, voire un séisme, car jusqu'à cette année-là, la profession très réglementée n'autorisait pas l'usage de la publicité via les médias. La publicité pour les avocats connaît une évolution lente, mais certaine. Avec l'avènement d'Internet, la concurrence très forte dans le domaine et le nombre croissant d'avocats qui démarrent leur activité, cette tendance n'est pas prête de ralentir. L’avocat d’aujourd’hui doit se faire connaître par tous les moyens, question de survie...

Jusqu'à aujourd’hui, l'Ordre et encore certains cabinets d'avocats, refusent l'idée que l'exercice du droit soit assimilé à une activité commerciale. Certes le droit n'est pas un domaine comme un autre. A l'instar de la santé, il est réputé être un service déontologique et conservateur. Cependant, c'est un secteur de plus en plus en plus tendu et les jeunes avocats qui arrivent sur le marché ont de plus en plus d mal à se faire connaître et à joindre les deux bouts. Leur nombre augmente chaque année. La profession d’avocat est ainsi confrontée aux mêmes enjeux que n’importe quel entreprise d’un secteur donné. Il faut arriver à se vendre, et donc à communiquer.

Il était donc nécessaire de donner un coup de pouce à la profession et de revoir le modèle économique. Le gouvernement a déjà, en 2014, autorisé par décret avec la loi Hamon, les avocats à démarcher leur clientèle et faire de la sollicitation directe et donc de réaliser des actions publicitaires. Puis en 2015, c'est le Conseil d’État qui, avec la loi Macron, autorise la profession à utiliser tous les moyens de communication nécessaires à leur promotion, de spots radio, télé, web, de supports écrits, tels que des plaquettes, des affiches, des flyers, etc. Car il s'agit bien de promotion. Et les faits sont là. La clientèle paie pour un savoir et une prestation juridiques, et exige en retour de la qualité et un résultat efficace. L'avocat a tout intérêt à donc bien informer sa future clientèle sur ses compétences et sur les services qu'il peut proposer. Cette notion de vente du service est la clé pour faire évoluer la pratique du droit.

La société a changé et les outils d'aujourd'hui ne sont plus ceux d'hier. De même la vision sur la profession a évoluée ainsi que les techniques employées pour convaincre une clientèle qui se fait rare. L'avocat doit être présent sur tous les supports. Certains avocats sont réfractaires à cette promotion. Ils estiment que le droit n'est pas une marchandise. Mais refuser la communication d'aujourd'hui dans une société de consommation, ultra connectée, c’est refuser le progrès et prendre le risque de voir la profession se nécroser, de passer à côté de parts de marché. Il est important que les avocats se positionnent sur tous les secteurs publicitaires même s'il restent régis par un cadre bien réglementé, afin d'être conforme aux évolutions de la société.

Les sites internet sont à présent un outil largement répandu chez les avocats qui en retirent beaucoup de notoriété et réussissent à démarcher une nouvelle clientèle. Cela ne fut pas toujours le cas. Longtemps décrié, l'usage d'internet pour les avocats étaient rejeté au départ par bon nombre qui y voyaient là un ternissement de leur image. La profession se modernise et le support est à présent largement répandu et est même devenu un incontournable. L'ouverture à la publicité radio ou télé à l'instar de ce qui se fait aux États-Unis. Question de culture qui évolue elle aussi. En France, on tient encore beaucoup aux principes de dignité, d'honneur, de respect et de discrétion. Principes qui se heurtent aux techniques de communications directes, de démarchage ou de spots percutants.

L'utilisation de la publicité n'en est qu'à ses débuts. La réticence naturelle d'user d'une communication commerciale s'estompera au fur et à mesure du besoin des avocats de développer leur clientèle. Il est vital d’évoluer vers plus de visibilité dans un milieu où la compétition ne fait que s’accentuer année après année. La profession doit s’affranchir des préjugés et s’adapter à environnement.