Interview de Maître Reveilhac de Maulmont, avocat en droit du travail

Interview de Maître Reveilhac de Maulmont, avocat en droit du travail

Bonjour Maître, tout d’abord, pourriez-vous vous présenter rapidement à nos lecteurs ?

Je suis avocat au barreau de PARIS depuis le 10 janvier 1979 : 39 années de bons et loyaux services actifs…dans la spécialité du droit du travail.

Depuis quand exercez-vous votre spécialité en droit du travail et pour quelle raison vous adressez-vous prioritairement aux salariés ?

Je suis tombée dans la marmite c’est le cas de le dire en novembre 1977 pendant un diner chez des amis où, placée près d’un avocat, j’ai été engagée entre la poire et le fromage.

Mon destin a été tracé dès cet instant guidé par un avocat qui ne traitait que des affaires du droit du travail : C’est à ce moment que j ‘ai pris la décision de devenir avocat et de passer l’examen d’accès à la profession.

Avec cet Artisan au sens noble du terme, j’ai appris le sens du mot rigueur et fait un apprentissage de terrain dont je garde une expérience précieuse : Découverte des dossiers, des méandres de la justice, contact avec les clients.

J’avais tout à apprendre et j’ai constaté comme me l’avait répété un professeur de droit à plusieurs reprises « le droit c’est savoir lire » et c’est tellement vrai.

Après qu’il m’ait appris les bases du métier, mon « patron » m’a dit qu’il était temps de me confronter aux réalités.

C’est ainsi que j’ai conseillé par la suite beaucoup d’entreprises internationales quand j’étais « l’avocat privilégié » en droit social du plus grand cabinet américain dans le monde.

Depuis de plus de vingt ans, j’ai néanmoins décidé de me consacrer en grande partie à la défense des intérêts des salariés car ma vocation est de défendre des personnes en situation de vulnérabilité et de souffrance : Licenciement brutal, harcèlement, stress au travail…

La « Révolte de Virés » coécrit avec Sylvie BOMMEL en 2006 témoigne de cet engagement.

Je suis ainsi devenue un interlocuteur utile pour remettre sur les rails professionnels ceux qui en ont été écartés de manière abusive.

Selon-vous quelle sont les compétences ou les traits de caractère nécessaires à la pratique de votre spécialité ?

Mettre sa robe et plaider c’est l’essence même du métier d’avocat même si ses conditions d’exercice ont considérablement changé.

Il ne faut jamais renier ses bases et toujours rester fidèle à ses convictions : respect du client, loyauté intégrité et persévérance.

Sans oublier que le temps est un grand maître qu’il faut savoir utiliser avec subtilité.

Les honoraires sont, en outre, le prix de la liberté et la confiance dont, pour ma part, m’honorent mes clients est ma plus belle récompense.

Quelle est votre vision du marché du travail en ce début d’année 2018 ?

Positive parce que chacun doit prendre en main son destin.

Selon-vous, les dernières modifications du code du travail sont-elles pertinentes ?

L’avenir le dira.

Pour l’heure, soyons pragmatiques.

Les contentieux prud’homaux diminuent mais les problèmes subsistent et il faudra bien des professionnels pour les traiter et déminer les situations les plus périlleuses.

Le seul bémol est que nombre de nos principes généraux du droit sont bafoués comme par exemple l’abandon de la réparation intégrale du préjudice subi.

Quel avenir prédisez-vous au salariat tel que nous l’avons connu depuis des dizaines d’année ?

Le lien de subordination se délite.

Nous passons d’une société pyramidale à une société horizontale où le lien de confiance et le respect de l’autre reste encore à réinventer.

Une page se tourne c’est certain comme le démontre l’augmentation importante des entrepreneurs individuels, c’est un bon signe d’avenir même si les débuts sont souvent périlleux.

Selon-vous que faudrait-il changer pour qu’employeurs et salariés retrouvent leur sérénité ?

Qu’ils n’aient plus besoin de s’affronter et qu’ils regardent ensemble dans la même direction.

Qu’ils évitent de simplement communiquer pour établir les bases d’un dialogue plus fructueux et ouvert mais les rapports de force au sein des entreprises ont toujours la vie dure.

De manière générale, trouvez-vous que le métier d’avocat a changé au cours de ces dernières années ?

Il est en train de changer considérablement. Il est aussi à réinventer et la moitié de la profession risque de disparaitre si elle ne s’adapte pas car il n’y aura pas de place pour tout le monde.

Internet et la justice prédictive vont changer la donne, restons vigilants.

Pour ma part, je suis comme un artisan, je m’adapte avec pragmatisme tout en privilégiant mon indépendance, gage de liberté.

Pour finir, que conseillerez-vous à un jeune avocat qui débute dans le domaine du droit du travail ?

De travailler, de chercher des clients, d’apprendre, de comprendre son environnement, de rester humain, de faire du droit et pas du juridisme.

Le meilleur qu’un avocat puisse faire est de proposer à ses clients des solutions, la confiance vient de là même si les parcours judiciaires sont souvent des parcours du combattant.

A privilégier en tout état de cause la médiation et la transaction.

La « transition » professionnelle des avocats est bien en route…

Merci Maître, nous vous remercions pour le temps que vous nous avez accordé.

Nous rappelons que vous exercez la profession d’avocat spécialisé en droit du travail à Paris au sein du cabinet Iéna Partners et que vous intervenez sur toute la France dans le cadre de la défense des salariés.

Vous êtes également co-auteur avec Sylvie Bommel de « La révolte des virés » aux éditions François Bourin.

Pour en savoir plus sur Maître Anne-Laure REVHEILAC DE MAULMONT :